Point De Vue !
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Par Manuel RUBEN N’DONGO, écrivain franco-africain et Consultant politique.

Le 05 mars 1969, soit 145 jours seulement après la décolonisation, Monsieur Teodoro Obiang Nguema, Commandant en chef des armées équato-guinéennes à Santa Isabel et chef suprême de la patibulaire milice populaire « en marcha con Macias » plonge la Guinée-Équatoriale dans une horrible dictature sanglante qui perdure jusqu’à nos jours.
Profitant de la naïveté politique de son oncle Macias Nguema fraîchement élu, et profitant également des malheureux événements du « coup d’Etat » avorté de Mr Atanasio NDONG MIYONE contre Mr Francisco Macias Nguema, nouveau et premier Président de la République de Guinée-Équatoriale indépendante, Mr Obiang Nguema, galvanise les tribus originaires de la Région de Mongomo et avec elles, celles se réclamant appartenir à l’ethnie « Ntoumou. » But de cette mobilisation des ethnies et tribus Fang N’toumou : pourchasser toutes celles et tous ceux qui ne s’identifient pas à ces tribus-là.

Dans cette politique de la terre brûlée contre les non N’toumou, Mr Obiang Nguema et ses thuriféraires instaure le tribalisme et le régionalisme sur l’ensemble du territoire national.
Les rafles abusives et la répression s’abattent sur les autres ethnies : Fang Ocak, bubis, Ndowés, Créoles, Annobonais, Bengas… etc sont arrêtés et incarcérés arbitrairement. Les morts se dénombrent par centaine de milliers.

Pendant que son oncle-Président effectue une première tournée officielle dans la partie continentale du Rio-Muni, le chef des bourreaux de la sinistre prison de Black-Beach de Santa Isabel (aujourd’hui Malabo) Mr Teodoro Obiang Nguema ordonne l’assassinat de Mr Bonifacio ONDO-EDU, ex-Président du Conseil du Gouvernement Autonome de Guinée-Équatoriale (G.A.G.E.) sans que personne ne lui en ait donné l’ordre. Bien sûr les mauves langues attribueront cet assassinat au nouveau Président élu.

Excédé par les folles nouvelles qui courraient confirmant l’exécution sommaire de Mr ONDO EDU à Santa Isabel, Le Président de la République Monsieur Francisco Macias Nguema qui poursuivait sa tournée au Rio-Muni, convoqua d’urgence la presse et informa le peuple de Guinée-Équatoriale de cette affreuse nouvelle. Il nia son implication et prouva sa bonne foi.

Il convient d’ouvrir une parenthèse pour porter à la connaissance de celles et de ceux qui, en Occident ou ailleurs dans d’autres contrées, ont une présentation plus que sommaire de la situation chaotique dans laquelle s’est déroulée le processus de « dictaturisation » de la Guinée-Équatoriale.
En effet, cette ancienne colonie a accédé à l’indépendance le 12 octobre 1968. Mr Macias Nguema est élu à une écrasante majorité Président de la première République. Même les tribus (Ocak, bubis, Bujebas… etc) prétendument ennemies et auxquelles Mr Obiang Nguema déclarera la guerre plus tard avaient voté massivement pour son oncle, car il fut constitué une coalition de progressistes (MONALIGE, IPGE, UNION DEMOCRATIQUE BUBIS du leader insulaire Mr Edmundo BOSIO DIOKO) dirigée contre le leader pro-espagnol Mr Bonifacio ONDO EDU. C’est grâce à cette coalition bicéphale ou tricéphale constituée majoritairement par les non Fang N’toumou que Francisco Macias Nguema fut plébiscité.

Les six premiers mois qui suivirent la décolonisation furent euphoriques pour les Equato-guinéens de toutes les tribus. Le jour de la première fête de l’indépendance, le nouveau Président libéra tous les prisonniers de droits communs et vida les prisons sur tout le territoire. L’espoir était né !!!

Nulle part dans le pays, on ne signala ni arrestations, ni brutalités policières.

Mais l’assassinat brutal de Mr Bonifacio ONDO EDU sonna le glas de la barbarie et fut le prélude d’une série d’arrestations, de séquestrations et d’enlèvement des populations innocentes qui furent torturées et enterrées dans des fosses communes, et dans le pire des cas, mangés vifs suivant les rites de sorcellerie des gens au pouvoir.

Black-Beach (Malabo) et N’Golayôp (Bata) ou encore d’autres lieux de tortures regorgent de ces fameuses fosses communes créées par la dynastie sanguinaire des Nguema. De 1969 à 2002 : plus 50 000 innocents ont été lâchement assassinés par ce régime abominable.

Avec la bénédiction de l’ex URSS socialo-communiste et de Cuba Marxiste de Mr Fidel CASTRO, Mr Obiang Nguema et ses bourreaux assassinent les populations en toute impunité sous l’œil bienveillant des conseillers militaires russes, nord-coréens et cubains. L’Occident et la communauté internationale restent muets. L’Espagne, ancienne puissance coloniale se complait par son silence coupable et ne réagit pas !! Elle abandonne le malheureux peuple équato-guinéen à son sort.

Les Equato-guinéens meurent chaque jour par milliers, et parmi ces victimes, d’illustres personnalités : médecins, ingénieurs, juristes, enseignants, ministres, hauts fonctionnaires, diplomates… etc. Sans omettre les paysans ou simples citoyens. MM. Pastor Toraho-Sikara, Edmundo Bosio-Dioko, Expedito-Raphaël Momo-Bokara, Saturnino Ibongo, Bonifacio Ondo-Edu, Roman Borico-Tohitchoha, Mariano Mba-Micha, Atanasio Ndongo-Miyone, Federico Ngomo-Nnandongo, Angel Mesié-Ntutumu… etc, etc (cette liste est loin d’être exhaustive), ont péri sous le joug de cette folie meurtrière des NGUEMA.

Ayant presque décimé toutes les ethnies supposées adverses, Mr Obiang Nguema, pour assouvir sa soif cannibale de consommer toujours plus de chair humaine, décide de ne plus épargner personne. Il se retourne aujourd’hui contre les membres de sa région et de son propre clan. C’est-à-dire, celles et ceux qui, de Mongomo à Acouakam en passant par Assock, Nzeng-Ayong Essangui et les autres villages de la région, n’ont cessé de dénoncer ses méthodes sanguinaires.

C’est le cas de MM. Santiago ENEME OVONO, Félix MBA NTCHAMA, Bonifacio Nguema Esono… etc. Ils ont été écartés, pourchassés et bannis par le maître tout-puissant de Guinée-Équatoriale. Et pour les autres, MM. Florencio MENZEME, Fructuoso MBA ONANA ou Daniel Angel… etc considérés par le dictateur comme les éléments les plus intransigeants du clan, ont été assassinés.

Au regard de ces abominables faits et crimes, il est inconcevable que l’Union Européenne, l’Espagne les USA ou la communauté internationale laissent ce personnage continuer à parler au nom du peuple qu’il a lui-même complètement détruit.

Devant cette passivité de la communauté internationale qui laisse le peuple équato-guinéen s’éteindre tout doucement sous le joug du régime en place, je ne peux m’empêcher de poser ces quelques questions :

Vous, démocrates Occidentaux ou Européens ! vous, journalistes de la pensée libérale ! vous, défenseurs de Droits de l’Homme ! vous, marchands d’illusions et de l’idéale démocratique ! vous, grands professeurs de vertu !!! Quelle valeur politique démocratique peut revêtir une prétendue « élection présidentielle » dans un pays dont le Président autocrate en place est responsable de tels crimes contre l’humanité ? Assassiner plus de cinquante mille personnes ne constitue-t-il pas un génocide et une mise en accusation des auteurs devant les juridictions internationales ? Que font l’ONU, L’OUA et l’Union Européenne ? Hier, sous le poids de la guerre froide est-ouest, beaucoup d’Equato-guinéens sont morts et aujourd’hui, les puits de pétrole équato-guinéens que se disputent les puissances occidentales présentes là-bas supplantent l’évolution démocratique de ce pays, pourquoi ?

Au nom de quels intérêts économiques doit-on laisser un dictateur assassiner des innocents ? Si en Occident, depuis quelques années déjà, la vie politique publique & économique doit être moralisée pour plus harmonie et de progrès social, pourquoi doit-on continuer à soutenir des dictatures hors de nos frontières lorsqu’il s’avère que ces régimes improductifs sans perspectives de croissance sont responsables de l’immigration et du désordre économique mondial qui menacent la stabilité même des grandes démocraties occidentales ?

Pour les observateurs externes de la vie politique équato-guinéenne que nous sommes, le plus ahurissant c’est le comportement irresponsable de certains leaders de partis politiques dits « démocratiques » qui, connaissant les mécanismes répressifs et sanguinaires du dictateur au pouvoir, s’apprêtent à cautionner ce simulacre d’élection présidentielle.

Plus préoccupés par les postes alimentaires qu’ils occupent que par le souci de combattre réellement le despotisme nguemien, les leaders de ces partis satellites inféodés au PDGE au pouvoir, sont autant complices de la dictature que l’est Mr Obiang Nguema lui-même.

A ce propos, je voudrais attirer l’attention de toutes celles et de tous ceux qui, en Guinée-Équatoriale ou ailleurs, seraient tentés de ré-légitimer, pour une énième fois, la dictature de Mr Obiang Nguema.

Je m’adresse tout particulièrement à :

1. Jeremías Ondo Ngomo, presidente de “Unión Popular” et actuel Vice-Ministre de Télécomunications & Transports

2. Secundino Oyono Awong, Secretario general de la “Convergencia Social democrática y Popular” et actuel Ministre-Délégué du Travail

3. Alfonso Nsue Mokuy, Secretario general de la Convención Liberal Democrática et Vice-ministre Chargé de la Presse, Radios et Télévision

4. Carmelo Modú Acusé, presidente de la “Unión Democrática y Social” et Ministre-Délégué Chargé des Travaux Publics

5. Tomás Mecheba Fernández, secretario general del “Partido Socialista de Guinea Ecuatorial” et Vice-Ministre de la Santé...

Je leur demande de cesser de se rendre complice des assassinats et emprisonnements arbitraires qui se perpétuent dans leur pays. A quoi bon de continuer à ruser avec un sinistre personnage qui n’a aucun scrupule à mater ses semblables ?

Vous, Messieurs de « l’opposition » à la solde de la dictature, vous qui prétendez parler au nom de la « démocratie et des libertés » en Guinée-Équatoriale : comment pouvez-vous justifier votre démarche devant l’opinion publique internationale et le peuple équato-guinéen lorsque le régime que vous soutenez assassine et maintient en prison des centaines de milliers de prisonniers politiques ? Quelle est votre idéal démocratique pour cette Guinée-Équatoriale affublée et ensanglantée par plus de 34 années de dictature ?

Certes, il est vrai que vous, achetez tous les jours du manioc, des banane, des sacs de riz ou de poisson sur les étales des marchés pour nourrir votre fratrie, vos épouses et enfants et tout cela conditionne votre soutien à la dictature puisque vous êtes devenus des sous-Ministres. Mais de là à parler haut et fort de pseudos partis politiques « démocratiques » ceci constitue une aberration !!!
Vous le savez parfaitement bien, que quoi qu’il arrive, Mr Teodoro Obiang Nguema trouvera tous les moyens pour truquer les résultats des élections.

Il faut désavouer les plans machiavéliques du dictateur. Il faut lutter efficacement contre toute tentation de détournement des valeurs démocratiques que constituent une élection présidentielle. A ce propos, je me prononce pour le boycott de cette mascarade d’élection présidentielle anticipée que le dictateur convoque pour le 15 décembre prochain.

J’en appelle à la désobéissance civile du peuple de Guinée-Équatoriale afin qu’il ne se rende pas aux urnes le jour de ce vote de félonie. J’en appelle également à la vigilance de la Communauté internationale : ONU, OUA, Union Européenne, Espagne, USA, France... etc. Ces instances doivent peser de tout leur poids afin d’empêcher la tenue de cette énième farce électorale du despotisme nguemien.

Ce qu’il faut pour la Guinée-Équatoriale d’aujourd’hui et pour celle de demain, c’est d’y intégrer dans la vie publique « la connaissance dans un théâtre de démocratie pluraliste, directe et concertée avec la nécessité absolue d’appliquer les lois pour bâtir une véritable société libérale axée vers l’économie de marché. »

Ce possible plan d’action ne comporte qu’une seule voie possible :

1. La fin de la dictature
2. L’organisation d’Etats-Généraux de la démocratie
3. L’élaboration d’une nouvelle constitution véritablement démocratique et sans rafistolage
4. L’organisation d’un referendum devant approuver la nouvelle constitution
5. L’organisation d’élections nationales libres : municipales, sénatoriales, législatives & présidentielles.

Il s’agit là d’instaurer une véritable révolution des mentalités et des mœurs qui, en rompant avec le passé sanglant, permettra aux nouveaux acteurs politiques d’opérer une « mutation politique profonde » en Guinée-Équatoriale.
Le changement d’hommes et femmes dans l’appareil politique de l’Etat est une conditions sine quoi non pour conduire le pays vers un avenir politique, économique et social plus humain.

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Manuel RUBEN N’DONGO est aussi l’auteur de deux ouvrages :
Regard sur l’Immigration Africaine en Europe (Éditions des Écrivains Paris 1999-2000) France
L’Afrique Sud-Saharienne du XXIème Siècle (1) (Éditions l’Harmattan Paris 1997) France
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(1) Préface de M. Bernard Stasi, ancien Ministre, Médiateur de la République

Contacts E-mail : lebaron12demirepoix@hotmail.com



Fuente: Melle Marie-Caroline De MIREPOIX, Affaires Diploma

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