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L’OPPOSANT DANIEL OYONO DIT COMMENT SORTIR DE L’IMPASSE POLITIQUE publicado por: J. Ondo Ndong el 07/12/2003 16:56:41 CET
L’OPPOSANT DANIEL OYONO DIT COMMENT SORTIR DE L’IMPASSE POLITIQUE (Afrique Education Du 01 au 15 Decembre 2003)
Dans cette deuxième partie de l’interview, l’opposant Daniel Oyono ne se borne pas à dire tout le mal qu’il pense du régime du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Il formule aussi des propositions concrètes pour sortir son beau pays de l’impasse politique. Il parle de tout : possibilités de coup d’état, pétrole, Ile de Mbanié, transition, succession, etc.
Afrique Education : Y a-t-il un problème de succession en Guinée Equatoriale. Si oui, comment le président Obiang compte-t-il le régler ?
Daniel Oyono : En tant qu’opposition au régime en place, nous avons une vocation à gouverner, d’exercer le pouvoir. Nous constituons une alternance au régime actuel. C’est pour cela que nous refusons de manière catégorique de parler de succession à la présidence de la République comme si notre pays était une monarchie. Cela dit, il est vrai que le chef de l’Etat cherche à imposer son fils aîné à la présidence, mais il est confronté à une hostilité totale de ses frères et d’une grande partie de l’armée. Certains généraux ont également des ambitions pour leurs propres fils. C’est par exemple le cas du général Armengol Ondo. Mais le problème le plus grave pour eux tous, c’est que dans une élection libre et transparente, ils ne peuvent avoir la confiance de notre peuple, et ils le savent très bien.
Vous évoquez le risque d’un coup d’état en Guinée Equatoriale. Ce risque est-il réel ?
La situation dans le pays est très complexe et vraiment délicate. Sans rien écarter, je crois que ce serait la pire des solutions car cela entraînerait une violence susceptible de conduire notre pays au-devant des conséquences imprévisibles. Mais si cela arrivait, il faudrait voir du côté du pouvoir même, une sorte de révolution de Palais, un règlement de comptes entre eux. Je n’exclus pas non plus la rébellion et même l’opposition de ce cas de figure. Je reconnais cependant qu’un coup d’état aujourd’hui serait à mon avis très dangereux pour l’avenir de la Guinée Equatoriale. Moi, je milite pour une autre politique tout en étant contre la violence mais je ne vous cache par la raideur d’Obiang Nguema fait que la population est fatiguée de lui, profondément désespérée, totalement frustrée. Cela ne m’étonnerait pas qu’elle descende dans la rue pour récupérer sa liberté confisquée.
Vous faites une opposition sans concession. Le président Obiang dit vous tendre la main que vous refusez. Ne pensez-vous pas qu’il vaut mieux parler à l’intérieur des institutions (gouvernement, assemblée, etc.) pour avoir la chance de peser sur les décisions ?
Permettez-moi d’être en totale désaccord avec vous. Depuis la création de la Résistance nationale le 8 décembre 2000, notre premier message a été pour le chef de l’Etat lui offrant notre disposition et notre volonté de dialogue et de paix en vue d’une ouverture politique. A notre sens, il était question de négocier un calendrier d’actions permettant la mise en place des mécanismes pour une transition politique pacifique moyennant la formation d’un gouvernement de transition avec son parti, le PDGE, sans remettre en question son statut actuel. Toutefois, il devait céder une partie de ses prérogatives à un exécutif constitué de façon équilibrée. Nous n’avons reçu aucune réponse sérieuse depuis bientôt trois ans à cette proposition. J’ai l’impression que le président a peur d’un dialogue vrai, franc et sincère. C’est plutôt lui qui refuse le dialogue. Il a peut-être peur du compromis pour ne pas pouvoir tenir les engagements qu’il serait appelé à prendre. Nous voulons et sommes prêts à être utiles pour notre pays, à exercer une opposition loyale et constructive pour le bien de la Guinée. C’est dans ce même esprit que nous avons signé le 12 octobre à Paris une déclaration en ce sens avec la plateforme CRAMOEG (Collectif de rassemblement d’associations et mouvements de l’opposition équato-guinéenne) et lancer un appel clair et solennel à Monsieur Obiang Nguéma lui proposant de négocier une solution politique pour notre pays. En même temps, nous avons demandé officiellement au gouvernement français de parrainer et d’appuyer cette initiative.
Plus que pour mon pays, je propose au chef de l’Etat d’avoir le courage de s’asseoir autour d’une table, d’avoir le courage de nous regarder en face et de chercher à trouver ensemble avec modestie, humilité et générosité une solution politique et pacifique pour notre pays, pour l’avenir des générations futures, sans des arrières pensées, sans rancune, et bâtir ensemble une transition sans traumatisme. Il faut coûte que coûte donner une opportunité, une chance réelle à notre pays. Dans la situation actuelle de la Guinée Equatoriale, nous sommes conscients qu’il y a des choses qu’il n’arrive pas ou il ne peut pas faire, RENAGE est là prêt à l’aider à trouver de meilleures solutions pour nos populations. Notre problème n’est pas nécessairement le changement au Sommet. Nous sommes conscients qu’il y a de dangereux défis à relever pour notre pays et pour sa stabilité. Notre problème, c’est la garantie de l’alternance du pouvoir. La possibilité de pouvoir faire une autre politique, un changement des habitudes, la protection et le respect des droits fondamentaux des personnes, les libertés individuelles et collectives, le respect de l’intégrité physique des gens et l’égalité face à la loi. Dans ces conditions, si le chef de l’Etat se considère capable de conduire la transition, nous sommes prêts à l’appuyer et à participer de manière active, dans l’intérêt général et supérieur de la Guinée.
Que proposez-vous concrètement pour votre pays ?
Au mois de mai 2003, nous avons saisi formellement, à propos de ce dossier, les trois chefs d’Etat voisins afin de les informer sur la grave situation quasi-explosive qui prévaut dans notre pays. Nous leur avons fait part de nos propositions, et nous le faisons d’ailleurs très régulièrement. Plus encore, avec le doyen de la région, pour des raisons diverses.
Votre pays est en conflit avec le Gabon à propos de l’Ile de Mbanié. A qui appartient-elle et que proposez-vous pour que ce conflit ne débouche pas sur une guerre ?
Notre position à la RENAGE est connue. Nous avons même demandé au président Obiang Nguema de traiter cette affaire directement sans délégation avec son gouvernement car il s’agit d’une affaire très délicate et extrêmement sensible. Nous avons aussi fait savoir notre position directement au président Bongo et fait quelques propositions aux envoyés spéciaux que j’ai reçus. Sans entrer dans les détails, je peux néanmoins vous confier avec responsabilité que c’est un dossier que je connais très bien car j’étais présent et j’avais assisté et participé à toutes les négociations qui ont eu lieu entre le Gabon et la Guinée Equatoriale au niveau des délégations entre les deux gouvernements et ainsi que les tête à tête entre les présidents Omar Bongo et feu le président Macias Nguema à Brazzaville, Kinshasa, Libreville et Malabo sous la médiation de feu les présidents Marien Ngouabi et Mobutu Sese Seko à travers un mandat de l’Organisation de l’Unité africaine qui co-présidait sa Commission de médiation, d’arbitrage et de conciliation créée à cet effet. Dans les tête à tête, je faisais office d’interprète et prenais des notes pour le président Macias. Un accord avait été trouvé grâce aux concessions faites par les deux chefs d’Etat qui entendaient résoudre ce différend un cadre africain. Un moratoire avait été décidé dans la solution acceptée par les deux chefs d’Etat sur la question de la souveraineté, la délimitation de la frontière maritime et l’éventuelle exploitation des ressources marines.
Votre position par rapport à la présence américaine et espagnole ?
La Résistance nationale ne remet pas en question la présence des Américains dans le secteur pétrolier autrement dit, est-ce que cette présence est très mal vécue par mon peuple qui est fatigué de voir son pétrole partir sans avoir aucun bénéfice ? L’impression générale est que les Américains sont là pour appuyer le régime et partager l’argent du pétrole avec le pouvoir sur le dos du pays et la population condamnée à la pauvreté et à la misère généralisée sans aucun souci pour nos revendications sur les libertés, la démocratisation et les respects des droits de l’homme. Concernant l’Espagne, son gouvernement a décidé contre l’avis de l’Union européenne d’appuyer très fort le président Obiang et l’ensemble de son régime dans tous les secteurs. C’est ainsi qu’il envoie régulièrement les membres de son gouvernement à Malabo, comme ces jours-ci le 2 novembre son ministre de la Santé ; avant la fin de novembre est programmé le voyage de la ministre des Affaires étrangères et finalement, le chef du gouvernement lui-même, Monsieur José Maria Aznar, devrait effectuer une visite au mois de janvier 2004, avant de quitter définitivement le pouvoir au mois de mars de la même année. L’Espagne est le principal soutien du régime au niveau international malgré la situation de souffrance des populations et de violation permanente des droits de l’homme. D’autre part, ce pays appuie ouvertement un ancien putschiste qui vient de créer une espèce de « gouvernement » tribaliste et régionaliste à Madrid dit en « exil ». Ce Monsieur Moto est condamné à 105 ans de prison pour un coup d’état manqué. Nous n’arrivons pas à comprendre qu’un pays qui a souffert pendant 40 ans de dictature puisse appuyer le régime en place à Malabo sans aucune concession sur l’ouverture politique et des progrès substantiels vers la démocratisation et le respect des droits de l’homme.
Votre pays s’était constitué partie civile dans le différend Cameroun/Nigeria sur Bakassi. Quelle lecture faites-vous de cette démarche de Malabo ?
C’était une position vraiment malheureuse, une grave faute de vision et de taille politique. Nous n’avions rien à foutre dans cette affaire-là qui a été une grave intrusion imprudente et hostile envers le Cameroun. Le Cameroun et la Guinée Equatoriale peuplés par les mêmes familles sont condamnés à se développer, à progresser et à vivre ensemble. En tant que Guinéen et Africain, j’ai vraiment honte de ce comportement envers des frères camerounais. En plus, nous avons avec le Cameroun notre propre problème de délimitation de la plateforme frontalière maritime de l’Ile de Bioko où se trouve la capitale Malabo. C’est un problème très délicat que nous devrions traiter avec beaucoup de sagesse et de prudence. C’est un dossier qui devrait être abordé par les deux chefs d’Etat, mais jamais au grand jamais, nous ne devons confier ce dossier directement aux experts, moins encore aux célèbres conseillers expatriés qui nous embrouillent comme toujours. Les Camerounais et les Guinéens ont intérêt et sont capables de traiter cette affaire bilatéralement comme des frères africains pour le bien-être de nos populations.
Vous êtes en tournée en Europe. Pour faire quoi sous ce froid ?
C’est depuis plus d’un an que la direction politique de la Résistance nationale avait demandé à une partie de la Commission exécutive de faire un voyage d’information et d’explication sur la situation de notre pays, dans les pays amis et de notre continent, et de prendre des contacts avec nos concitoyens et des autres partis politiques qui se trouvent en Europe. Cette mission en ce qui me concerne, je viens de l’effectuer dans plusieurs pays européens et à la Commission européenne où j’ai été très bien reçu et où j’ai eu des conversations très positives. Dans la semaine, je devrais continuer mon périple par la France où j’ai déjà été deux fois récemment. Je ferais aussi l’Italie, la Grande Bretagne, la Suède et le Portugal avant de regagner l’Afrique.
On est au terme de cette longue interview. Qu’avez-vous à ajouter ?
Finalement, je voudrais vous encourager et vous féliciter pour le grand travail que vous faites, votre directeur et vous tous ses collaborateurs. Il est incontestablement opportun et important pour l’Afrique. Je suis convaincu que ce projet qui s’appelle « Afrique Education » avec une grande signification, c’est avant tout un projet dynamique pour bâtir une nouvelle Afrique qui est aussi notre ambition de bousculer l’ordre établi, se démarquer du traditionnel accommodement, de secouer les mentalités et obstacles de nos amis étrangers, et surtout, de nos propres frères africains. « Afrique Education », c’est aussi une manière de percevoir les réalités de notre continent par une distance critique afin de les cerner avec le plus d’objectivité. « Afrique Education », permettez-moi de vous le dire en toute franchise est un espace très important de réflexion africaine s’exprimant au cœur même du monde démocratique, en ce sens qu’il aide à corriger l’image déformée que véhiculent certains médias sur notre continent. L’Afrique sans les libertés de presse, d’information, d’expression, ne peut pas se développer ni se démocratiser. Comme Africains, il faut que nous nous bâtissions tous ensemble une nouvelle personnalité africaine décomplexée, pétrie de ses valeurs humanistes originelles, définitivement panafricaines, flamboyantes de dignité et de fierté pour la construction de nos pays et de la vraie unité de notre patrie africaine.
Propos recueillis par Gervais Masson
Fuente: Afrique Education Du 01 au 15 Decembre 2003
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