Par M. Miguel-Angel JONES, Mme Maria-corona TOMO-ATE, Melle Magdalena ADA-ACURUMBANG, Melle Paulina ESONO-ABAGA-ADA, José-Estéban EWORO, membres du Comité de réflexion politique du C.R.A.M.O.E.G.
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Sur ce site Web « guineaecuatorial.net, » il ne se passe pas une seule semaine, un seul jour sans que des anonymes de tous bords écrivant sous de pseudos et « hommes politiques » se réclamant appartenir à la mouvance de l’opposition au régime de Malabo ne publient des ragots à l’encontre de telle ou telle personne, tel ou tel groupe d’individus sensés militer pour la même « cause. »
Ces attitudes et comportements antidémocratiques nous amènent à poser toute une série de questions à tous ceux qui transforment, les débats politiques démocratiques, sur les pages de ce site Web, en règlements de comptes personnels entre individus pour des sujets qui n’ont rien à voir, ni avec un dialogue politique constructif, ni avec la vie politique de la Guinée-Équatoriale :
Pourquoi ces acharnements entre opposants équato-guinéens eux-mêmes, et à qui profitent les crimes de lèse-majesté ?
Pourquoi maintenant ces rebondissements explosifs entre opposants qui ont milité ensemble depuis des années au sein d’une même structure politique ?
Ceux qui, depuis des années, ont collaboré loyalement avec tel ou parti politique, tel ou tel leader politique…, pourquoi est-ce maintenant qu’ils se rendent finalement compte qu’il existerait des risques de « dérive dictatoriale » tribale par tel dirigeant politique ?
Pourquoi maintenant ces déballages stupides en public qui n’intéressent nullement le peuple équato-guinéen victime de l’oppression ?
Si la « guerre » des chefs pour le « contrôle des intérêts financiers » oppose les mêmes individus qui siègent au sein d’un même parti politique qui, depuis toujours profitent de subsides inutiles versés ici ou là indirectement par l’administration espagnole et par d’aveugles investisseurs opportunistes ibériques qui espèrent un jour partager, une fois de plus, le gâteau équato-guinéen au détriment des populations victimes de la misère, cela n’a rien à voir avec de vrais débats politiques et l’opinion publique nationale guinéenne ou internationale n’a pas à assister à ces lugubres spectacles que nous offrent ces politiciens censés représenter la « légitimité nationale ou internationale. »
Certes, régler des comptes entre individus ne partageant plus les mêmes convictions politiques est un droit de tout un chacun, cela doit se faire entre eux, au sein de leur parti politique, mais de là à utiliser les pages d’un site Web d’information et de réflexion politique pour nous rabâcher les oreilles sur des histoires d’intérêts personnels, est un manque flagrant de maturité politique.
Ce qui est le plus choquant dans ces « affaires entre opposants en exil en lutte pour le pouvoir, » c’est qu’au moment même où le régime de Malabo accentue la répression à l’égard d’honnêtes citoyens, fonctionnaires et militaires…; en exil, ces partis politiques dits de l’opposition, sensés donner l’exemple démocratique se livrent déjà à une âpre bataille pour la course à la « Présidence de la République » de Guinée-Équatoriale alors que la dictature est toujours très active et que le système ne s’est toujours pas effondré.
Quelle mystification !!
Il convient de souligner, qu’en raison des luttes intestines livrées depuis plusieurs décennies par cette opposition équato-guinéenne bicéphale ou « pluricéphale, » morcelée en multiples factions ethniques et tribales, le régime en place à Malabo a pu ainsi profiter de leur division pour conforter ses instruments d’oppression et de répression, multipliant par mille et par centaine de milliers, le nombre d’assassinats et d’emprisonnements abusifs des citoyens. Et au bout du compte, cela fait déjà 35 ans que le peuple de Guinée-Équatoriale vit sous l’arbitraire et la misère et les divisions internes stériles affaiblissent considérablement l’opposition, incapable de proposer une alternative à la dictature.
Déjà par le passé, il convient de rappeler que sous Macias Nguema, pendant et après son règne despotique, la première force politique de l’opposition reconnue internationalement fut l’ANRD (Alianza Nacional de Restauración Democrática) présidé par le Professeur Cruz-Melchor EYA-NTCHAMA, actuellement exilé en Suisse.
Il faut reconnaître que le Pr EYA-NTCHAMA a consacré toute sa vie dans la lutte contre le despotisme nguemien. À l’époque où il présidait l’ANRD, il a accompli un travail formidable dans la reconnaissance par la communauté internationale du génocide dont le peuple équato-guinéen est victime. Mais au sein de cet ex-mouvement bipolaire, les relents de tribalisme des uns et l’irresponsabilité politique des autres ont fini par faire voler en éclats la puissante ANRD qui, aujourd’hui, ne représente plus que l’ombre d’un mouvement émietté sans avenir politique.
Sous la dictature version Obiang Nguema, d’autres mouvements ont également émergé en Espagne : PPGE, UP, APGE, CNPGE, RENAGE, MULIFUGE… etc. Entre 1983 et 1984, il fut même constitué une sorte de « Junta Coordinadora, » rassemblement de circonstance d’opposants équato-guinéens ayant élus domicile dans la péninsule ibérique.
Présidé par un juriste de renom M. Alejo ECUBE-MEDICO, la « Junta Coordinadora, » coalition de façade constituée promptement (sans projet politique, sans véritable désir des dirigeants cosignataires de l’accord de travailler ensemble et sans aucune perspective politique pour la Guinée-Équatoriale), n’a survécue que le temps nécessaire pour les auteurs de digérer le gueuleton pris lors de la réunion constitutive de Zaragoza.
S’il est dans la nature humaine que le rêve fait espérer ! Mais il est par contre aberrant de faire croire à des milliers de gens, que le fait de fonder un parti politique et d’aller quémander quelques millions de pesetas à quelques hommes d’affaires peu scrupuleux vous mène forcement au fauteuil présidentiel.
Nombreux sont les leaders politiques qui, au lieu de faire un travail de fond sur la réflexion politique, les études sociologiques et des recherches sur l’avenir de leur pays, s’adonnent à ne travailler que pour devenir le « futur Président de la République. »
Nos hommes et femmes qui militent immédiatement pour le « fauteuil présidentiel » oublient que les éléments qui fondent les structures démocratiques de toutes les démocraties libérales de par le monde stipulent, que pour prétendre à un poste suprême, cela suppose que le peuple souverain ait donné son avis ou se soit prononcé par un verdict électoral. Or, tel n’est pas le cas !! Par des actes de vandalisme politique et de délinquance tribale, ces rêveurs du « pouvoir suprême » continuent de saboter « aisément » les voies qui mènent vers l’instauration d’une véritable démocratie en Guinée-Équatoriale.
Ce qui est sur certain, c’est que, sur 400 000 ou 500 000 habitants que compte la Guinée-Équatoriale, il n’y aura pas 500 000 présidents de la République !
Au lieu d’œuvrer pour de vrais projets politiques pour l’avenir économique et social de la Guinée-équatoriale, tous les responsables politiques de ce minuscule État n’ont d’autres soucis que de convoiter la place suprême.
Ceux qui se rêvent déjà « Président de la République »… peuvent « compter dessus et manger du boudin. »(1)
Dans la mouvance de l’opposition équato-guinéenne, il y a de l’agitation dans l’air, les uns se voient déjà arriver à Malabo par un Coup d’État, et les autres…, pensent à une opération de guérilla militaire.
Mais, où se place la démocratie dans tout cela ?
S’il est vrai que M. Teodoro Obiang Nguema a pris le pouvoir par les armes en 1979, pourquoi reproduire les mêmes effets pervers de violences et de meurtres politiques sans fin ?
Pourquoi ne pas soumettre la souveraineté de la Guinée-Équatoriale aux bons soins de l’ONU et de l’Union Européenne par un processus démocratique de transition qui favoriserait l’alternance politique ?
Ici ou là, on entend quelques voix dissonantes se lever pour critiquer le choix politique du C.R.A.M.O.E.G de préconiser la négociation avec le régime !! Mais ces voix-là, celles de la haine et du tribalisme…, que proposent-elles à la place d’une solution pacifique ?
Il est plus facile de s’abriter sous des pseudonymes pour écrire des inexactitudes et des ragots sur les pages Web dont la notion de service au public doit être sacrée et respectée.
Dans un pays, les débats d’idées au sein des mouvements d’opinion sont ouverts à tous les citoyens. Ces individus qui se prétendent intellectuels ou démocrates, pourquoi se cachent-ils alors en s’abritant sous des pseudonymes ? De quoi ont-ils peur ? Resteront-ils d’éternels fantômes de la République dont le peuple ne saura jamais rien ? Peut-on raisonnablement lutter pour une cause nationale et se cacher derrière un corbeau ? À l’instar des autres grands leaders mondiaux (Gandhi, Mandela… etc.), ceux qui ont livré bataille pour une cause commune se sont fait connaître sur la place publique.
De ce point de vue, tout homme politique ou tout intellectuel qui croit pouvoir influencer sur la conduite politique ou sur la réflexion intellectuelle proprement dite, a le droit de s’exprimer librement pour se faire entendre et ce, non pas en s’abritant sur de fausses identités ou pseudonymes, mais sur la place publique, en toute lumière.
Par lâcheté et par haine tribale, ces anonymes de tous acabits continueront à polluer la vie politique de la Guinée-Équatoriale en ne préconisant que des solutions simplistes de violence ethnique et de régionalisme néfaste.
Si nous voulons nous faire respecter par le peuple équato-guinéen et attirer la bienveillance de la communauté internationale, soyons des hommes et femmes politiques modèles et responsables,
Si nous voulons attirer la confiance des investisseurs, de l’ONU, du FMI et de la Banque mondiale, parlons de nos projets politiques et de ce que nous proposons pour la Guinée-Équatoriale de demain,
Si nous voulons que notre peuple nous fasse confiance parlons des sujets qui fâchent : Tribalisme, régionalisme, népotisme, discrimination raciale, violences politiques à répétition…
… Et aussi, débattons de la place de la femme dans notre société et faisons des propositions à ce sujet,
Débattons de nos propositions sur l’emploi des ouvriers et des cadres, sur le futur statut des fonctionnaires, des Maires, des Préfets et Sous-préfets ; de la réforme administrative et agraire,
Faisons des propositions sur une future constitution véritablement démocratique,
Définissons ensemble le statut du futur Parlement, le rôle des élus de la nation, le mode de fonctionnement et de l’élaboration des futures lois,
Mettons sur la place publique notre politique sur l’immigration, la nationalité, le code d’investissement ; le trésor public, la fiscalité, la monnaie, le système bancaire et les spéculations boursières, la politique douanière et la circulation des marchandises…
Sans un vrai débat démocratique, sans une réelle réflexion politique et sans un vrai projet de société alternatif pour une nouvelle Guinée-Équatoriale de demain, nous sommes condamnés à vivre sur des soubresauts politiques.
Ainsi, des millions de titres défendant des intérêts partisans et publiés sur des revues amies ou sur ce site Web, ne serviront à rien, si ce n’est pour creuser de plus en plus le fossé qu’il y a entre d’une part, les opposants et le gouvernement dictatorial, et d’autre part, le peuple équato-guinéen et la communauté internationale.
Et au regard du sinistre spectacle auquel s’adonnent chaque jour les « acteurs politiques » équato-guinéens incapables de s’entendre sur un projet commun d’union, le peuple de Guinée-Équatoriale ainsi que les observateurs internationaux tremblent d’effroi.
Espérons que la clairvoyance des uns et la lucidité des autres finiront par apaiser les esprits qui s’échauffent inutilement puisque de part et d’autre, dans l’opposition, personne n’a encore accédé au pouvoir.
Alors, pourquoi ces bagarres stupides à répétition ?
Pourquoi ces règlements de compte individuels en public ?
Pourquoi ces déballages stériles complètement farfelus et n’intéressant personne ?
Ceux qui veulent se donner bonne conscience en politique peuvent-ils se permettre de s’abaisser ainsi plus bas que terre ? Où est donc la morale publique et politique ?
Comment voulez-vous que l’on vous fasse confiance lorsque vous n’êtes même pas capable de vous entendre entre vous ?
C’est dans cette ambiance pourrie et délétère que vous comptez diriger demain la Guinée-Équatoriale ?
Qu’allez-vous faire de ceux qui ne militent pas dans vos formations politiques ?
Qu’allez-vous faire de ceux qui critiquent votre politique et qui ne partagent pas forcément vos points de vue ?
Qu’allez vous faire de vos adversaires politiques, si par malheur ou par « chance, » vous accédiez à la magistrature suprême ?
Il ne suffit pas de condamner une oppression ou un régime ! Soyons aussi du côté de celles et de ceux qui sont prêts à donner le bon l’exemple démocratique, à instaurer un climat de paix et de fraternité et à ramener la confiance du peuple, des étrangers et des investisseurs.
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Membres du Comité de réflexion politique du C.R.A.M.O.E.G.
Miguel-Angel JONES, Maria-corona TOMO-ATE, Magdalena ADA-ACURUMBANG, Paulina ESONO-ABAGA-ADA, José-Estéban EWORO,
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(1) Proverbe français de l’Antiquité.
Fuente: Magdalena ADA - SERVICE PRESSE CRAMOEG