Par Manuel RUBEN N’DONGO, Sociologue, Consultant Politique…
… Et par les responsables du Comité de réflexion politique du C.R.A.M.O.E.G.
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Les événements politiques qui secouent la Guinée-Équatoriale depuis novembre 2003 ne sont pas de nature à rassurer davantage la communauté internationale de plus en plus préoccupée par l’aggravation de la situation politique de ces cinq derniers mois dans le pays. D’abord par la crise politique d’avant les festivités de Noël et de Nouvel An, et ensuite, par la tentative avortée du débarquement des mercenaires qui, selon les auteurs, avaient pour mission d’une part, d’éliminer physiquement M. Obiang Nguema, sa famille et ses Ministres… Et d’autre part, installer M. Severo MOTO-NSA au pouvoir à Malabo.
Cette affaire qui a défrayé la chronique des medias internationaux et mobilisé l’attention toute particulière des chancelleries occidentales présentes dans le pays pour suivre de près, l’évolution de la situation, est à ce jour, sans rapport officiel énonçant des faits.
Ce qui est étonnant dans ces affaires politiques équato-guinéennes, c’est qu’au moment où toute la lumière n’est pas encore établie sur cette histoire rocambolesque de « mercenaires, » le régime s’obstine déjà pour organiser des « élections législatives » alors que tout le pays tremble d’effroi et vit dans un climat d’instabilité, de suspicion et de désespoir.
Alors, à quoi vont servir ces élections, et que vont-elles changer sur le plan politique et socioéconomique du pays ruiné depuis la décolonisation par la dictature, la corruption et la gabegie ?
Alors qu’ils savent pertinemment que, tant que régnera la dictature en Guinée-Équatoriale, aucune élection ne sera véritablement démocratique, ces partis politiques dits d’opposition qui participent à ces mascarades « d’élections, » ne cautionnent-ils pas déjà le maintien au pouvoir de cette implacable dictature ?
Une élection, quelle que soit sa portée, organisée dans un pays de Droit, ne peut être véritablement démocratique que si tous les acteurs politiques du pays y participent pleinement sans crainte.
Or, dans le cas de la Guinée-Équatoriale, les partis politiques ayant de vraies assises au sein des populations sont cantonnés à l’étranger, en exil et le régime refuse leurs légalisations parce qu’ils représentent la vraie alternative démocratique à la dictature.
Au regard de la situation politique actuelle, le mieux aurait été que le régime reporte ces élections à une date ultérieure et ce, jusqu’à ce que la lumière soit faite sur les événements qui secouent le pays depuis quelques mois.
Le C.R.A.M.O.E.G estime que le régime de Malabo, en ne prenant pas les dispositions qui s’imposent pour organiser, non pas des pseudos « élections législatives et municipales » totalement antidémocratiques et qui ne vont rien changer dans le pays, mais mettre sur pied, une « Une Commission Spéciale de Transition et de Conciliation » chargée de préparer pacifiquement la transition politique pacifique, s’enfonce une fois de plus, dans l’obscurantisme politique.
À ce propos, nous désapprouvons totalement l’organisation de cette énième mascarade d’élections qui ne sont « démocratiques » que par la volonté de son auteur qui, sans aucun doute sortira « vainqueur » et ce, grâce à la complaisance des « observateurs » envoyés par Madrid, et grâce également à la duperie des partis d’une opposition puérile avide de pouvoir, sans véritable stratégie d’action pour le pluralisme et la vraie démocratie.
C’est la raison pour laquelle nous demandons à tous les Équato-guinéens d’être, une fois de plus, les témoins du cynisme politique du régime et de ses thuriféraires.
Peuple de Guinée-Équatoriale, il vous appartient de prendre votre responsabilité en vue de forger un nouveau destin pour votre avenir. Faute de quoi, vous êtes condamnés à l’oppression, à la mort, à l’exil. Et ce qui est encore aujourd’hui appelée Guinée-Équatoriale risquerait de disparaître totalement de la surface de la Carte africaine. Car un quart de la population vit toujours en exil, le dépeuplement s’accentue et les villages deviennent des hameaux fantômes ; femmes, enfants et vieillards meurent de plus en plus chaque jour, soit pour maladies, soit pour la répression du régime, soit par la famine ou l’indifférence. Le renouvellement de la population équato-guinéenne ne se fait pas correctement…
Alors… Réagissez !!
Citoyens démunis de tous les villages de la Guinée-Équatoriale, à chaque fois, le régime, ses partis alliés et les autres dits « partis d’opposition » qui participent à cette supercherie d’une élection déjà gagnée d’avance par le pouvoir de Malabo, vous sollicitent de voter pour eux afin de leur donner une énième « légitimité, » mais, ne vous-êtes vous posé cette question :
Ces politiciens affairistes qui vous demandent de voter pour eux, une fois élus ou réélus et installés confortablement sous les deniers publics issus de l’exploitation des ressources pétrolières…, que font-ils, et que vont-ils faire pour vous et pour vos familles ? Et pourront-ils affronter avec détermination pour ébranler le rouleau compresseur de la dictature en place ?
Quand vont-ils soulager votre misère et améliorer votre vie ?
D’après les statistiques publiées chaque année par le FMI et la Banque Mondiale, le taux de croissance est en nette augmentation en Guinée-Équatoriale, mais sur le terrain, la misère prédomine. Le peuple vit comme au temps de la préhistoire. Pendant ce temps, ces mêmes dirigeants et leurs thuriféraires pour qui vous allez voter dimanche, les doigts de leurs « tortues Ninjas » appuyés sur la gâchette à vos tympans, continueront à vivre dans l’opulence et vous laisseront là, dans l’immondice, livrés à votre malheureux sort.
Une suggestion de bon sens : peuple martyr, n’allez pas voter avec la peur au ventre !
Nous vous proposons d’attendre ! Il faut attendre les jours heureux !!
Et lorsque viendra cette nouvelle ère de liberté et de la vraie démocratie, vous voterez librement en toute âme et conscience, non pas par rapport à l’appartenance ethnique de tel ou tel candidat, mais par rapport à son professionnalisme politique et à ses connaissances des grands dossiers internationaux… Et aussi, par rapport à sa détermination à faire appliquer le droit pour émerger la démocratie pluraliste et l’économie de marché, indispensables à une société de progrès.
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Manuel RUBEN N’DONGO,
et le Comité de réflexion politique du C.R.A.M.O.E.G.
Fuente: Melle ADA CRAMOEG - PARIS