LIBREVILLE, 22 août (AFP) - 9h33 - Le procès de 14 mercenaires présumés, huit Sud-Africains et six Arméniens, arrêtés en mars dernier en Guinée Equatoriale et accusés de tentative de coup d´Etat s´ouvre lundi à Malabo.
Ils sont accusés de ”délits contre le chef de l´Etat, contre la forme de gouvernement” ainsi que de ”délits qui compromettent la paix ou l´indépendance de l´Etat, trahison, détention illicite d´armes et de munitions, terrorisme et détention d´explosifs”.
Menés par le sud-africain Nick du Toit, ils avaient pour mission, selon l´accusation, de renverser le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, au pouvoir depuis 1979.
Le groupe, composé de quinze personnes avaient été arrêté le 6 mars à Malabo, mais l´un d´eux, un ressortissant allemand, est décédé en détention, officiellement d´une complication d´un paludisme cérébral, ”apparemment des suites de torture”, selon Amnesty International.
Ce procès s´ouvre alors qu´est en cours à Harare - la reprise des audiences étant fixée au 27 août prochain - celui de 70 autres mercenaires présumés, arrêtés concommitamment dans un avion sur l´aéroport international d´Harare et qui, selon les autorités équato-guinéennes et zimbabwéennes, étaient censés rejoindre le groupe de Malabo en vue de commettre le coup d´Etat.
Les avocats des mercenaires d´Harare craignaient que leurs clients soient extradés vers la Guinée Equatoriale à l´issue de leur procès, mais le président Obiang a affirmé, dans une interview à l´hebdomadaire parisien ”Jeune Afrique L´Intelligent”, qu´il ne réclamerait pas leur extradition vers Malabo.
Il a, dans le même entretien, assuré que ceux qui seraient jugés à Malabo ne risquaient pas la peine de mort, qui s´applique selon lui ”quand il y a eu exécution d´un crime, pas lorsque l´accusé en est resté au stade de l´intention”.
Selon les autorités équato-guinéennes, le cerveau de cette opération est un opposant équato-guinéen, Severo Moto, qui dirige ”un gouvernement en exil” depuis Madrid. Malabo a réclamé en vain son extradition d´Espagne, ce qui a rafraîchi les relations entre la Guinée Equatoriale et son ancienne colonie.
Toujours selon Malabo, l´opération aurait été financée par deux hommes d´affaires vivant au Royaume Uni: un britannique, Greg Wales, et un libanais Elie Calil, dont Malabo a également réclamé l´extradition à Londres.
Alors que les mercenaires d´Harare affirment qu´ils se rendaient en République démocratique du Congo (RDC) pour y travailler à la surveillance d´une mine, Nick du Toit avait, trois jours après son arrestation, avoué au cours d´une ”confession” à la télévision publique avoir été chargé par Severo Moto de kidnapper le président Obiang.
Les 14 du groupe de Malabo n´ont pas eu depuis leur arrestation l´occasion de présenter publiquement leur défense. Selon des responsables sud-africains, ils n´ont pu rencontrer leurs avocats pour la première fois que vendredi.
”Les avocats ne les ont vu qu´aujourd´hui (vendredi) et c´est le premier contact qu´ils ont eu”, a déclaré Billy Masetlha, un conseiller du président sud-africain Thabo Mbeki, qui n´excluait pas un ajournement du procès dès l´ouverture de l´audience lundi.
”Selon moi (...) il est possible que les avocats demandent à la Cour plus de temps” pour préparer la défense de leurs clients, a-t-il ajouté.
Selon des membres des familles des accusés sud-africains, certains ont été sévèrement torturés. Les épouses de deux d´entre eux ont été autorisées une seule fois à les rencontrer, début juillet.
”Je suis très, très inquiète concernant ce procès”, a expliqué Belinda du Toit, épouse du chef présumé du commando, ajoutant: ”je ne pense pas que cela puisse être un procès équitable”.
Fuente: AFP