Severo Moto se veut une ”alternative pacifique” au président Obiang
LIBREVILLE, 8 sept (AFP) - 12h43 - L´opposant équato-guinéen Severo Moto s´est dit hostile, dans un entretien téléphonique avec l´AFP à Libreville, à la solution d´un coup d´Etat pour renverser le président Teodoro Obiang Nguema, et s´est présenté comme une ”alternative pacifique” au régime ”catastrophique” actuel.
”Il ne faut pas penser à un coup d´Etat car cela sert (au général) Obiang pour justifier l´agressivité qu´il a contre notre pays et notre peuple”, à déclaré M. Moto mercredi par téléphone depuis l´Espagne, où il dirige un ”gouvernement en exil”.
”Il n´est pas question de recourir à un coup d´Etat”, a poursuivi l´opposant équato-guinéen. ”Ceux qui veulent mettre un terme à une dictature comme celle d´Obiang ont la légitimité pour eux. Nous voulons être une alternative, mais une alternative pacifique”, a-t-il souligné.
Severo Moto est accusé par Malabo d´être le cerveau d´une tentative de coup d´Etat lancée en mars dernier contre le président Obiang, qui s´est soldée par l´arrestation de deux groupes de mercenaires présumés en Guinée équatoriale et au Zimbabwe.
Lors de son procès à Malabo, suspendu le 31 août, Nick du Toit, sud-africain présenté par l´accusation comme le chef du groupe de mercenaires, a mis en cause M. Moto. ”On m´avait dit qu´il était dans un pays très proche (...) qu´il serait là 30 minutes après le coup”, a-t-il déclaré.
L´opposant en exil a plusieurs fois démenti toute implication dans ce complot, qualifiant ces accusations d´”affabulations”. Son cas a toutefois refroidi récemment les relations entre la Guinée équatoriale et l´Espagne, son ancienne puissance coloniale, face au refus de Madrid de l´extrader vers Malabo.
Au cours de l´entretien accordé à l´AFP, il a refusé de répondre aux questions concernant les procès ouverts à Malabo et à Harare contre les deux groupes de mercenaires et leurs chefs présumés, respectivement Nick Du Toit et le Britannique Simon Mann.
S´il dit écarter toute idée de coup d´Etat et la perspective d´un ”soulèvement” de la population locale, Severo Moto a également rejeté toute éventualité d´un dialogue politique avec le président Obiang, au pouvoir depuis un coup d´Etat en 1979.
”Toute l´opposition a déjà essayé de dialoguer avec Obiang mais il n´est pas capable de le faire”, a estimé M. Moto. ”Je lui ai écrit trois lettres pour lui dire que je veux essayer de parler avec lui et ouvrir un dialogue prospère, un dialogue de paix (...) mais il est incapable de parler avec l´opposition, seulement de la tuer”, a-t-il poursuivi.
”Le seul travail qu´il ait fait pendant 25 ans, c´est voler l´argent du pays pour le seul profit de sa famille”, a renchéri l´opposant équato-guinéen, qualifiant de ”catastrophique” le bilan du régime Obiang. ”Il n´a rien fait pour le peuple (...) il ne respecte pas la démocratie”, a-t-il encore accusé.
Evoquant l´avenir du président équato-guinéen, Severo Moto a pronostiqué que ”le régime Obiang et sa famille vont tomber”, notamment à cause d´un récent rapport du Sénat américain, publié en juillet, accusant la banque américaine Riggs d´avoir abrité d´importants détournements de fonds au profit du président équato-guinéen et sa famille.
M. Moto, qui dirige le Parti du progrès de Guinée équatoriale (PPGE), s´est enfin félicité de la formation, le 8 août dernier, d´une coalition regroupant aujourd´hui sept partis équato-guinéens d´opposition en exil.
”Nous nous proposons d´être un gouvernement d´unité nationale, seul capable de réussir la transition de l´après-Obiang”, a-t-il déclaré. ”Nous sommes très pauvres en argent mais très riches par notre volonté d´offrir à notre pays la liberté et le progrès”, a conclu Severo Moto.
Fuente: AFP