Je comprends votre agacement que cette vérité historique ait pu vous blesser !! Mais pour reconstruire demain une nouvelle Guinée-Équatoriale sans les sinistres prisons (Black-beach, N’golayôp, Evinayong…), sans machettes ensanglantées, sans violence politique, sans arrestations arbitraires, sans racisme et sans tribalisme haineux, notre pays a besoin de cette vérité historique. Faute de quoi, de nouveaux assassins des tribus, plébiscités sur la place publique, risqueraient de prendre le pouvoir pour exécuter leur sale besogne.
Je comprends aussi que « ma vérité » ait pu vous déconcerter et vous déstabiliser à tel point que vous m’imaginez être le suppôt de certains individus. C’est raté ! Car il est complètement stupide d’imaginer que je me suis fait manipulée par telle ou telle personne. Je ne fais que mon travail d’écrivaine journaliste-enquêtrice qui mène des recherches pour connaître la vérité historique sur ce qui s’est réellement passé dans mon pays d’origine depuis le 05 mars 1969.
En Europe et ailleurs dans d’autres contrées, les grandes nations démocratiques se sont construites sur la base de leurs connaissances des faits ou événements passés et récents.
Exemples :
Les faits politiques et sociaux,
Les faits se rapportant aux conflits (tribaux ou fratricides, régionaux, mondiaux…) déchirant les peuples et nations entières… etc.
Comme je le signalais en réponse à votre précédente chronique fatrasie (fatuité saisissante dédiée aux ntumu), que sous Macias, il y avait bien eu un vaste complot imaginé par les notables N’toumou qui entouraient le premier gouvernement de la Guinée-Équatoriale indépendante et destiné à annihiler considérablement les Ocack majoritaires dans le pays.
Si vous semblez le minorer, dites-nous : comment expliquer que certains hauts dignitaires « ntumu » qui n’avaient jamais reçu aucun mandat explicite signé par le Chef de l’État aient pu agir hors du contrôle de ce dernier pour envoyer à la mort des populations innocentes par centaines de milliers ?
Preuves à l’appui et connues de nos compatriotes : Personne n’ignore en Guinée-Équatoriale que Miguel Eyegue-Ntutumu, Vice-Président de la République en Chef, à l’époque en poste à Bata, signait maintes fois à la place de Macias Nguema, de nombreux décrets et ordres de rafles des Ocack et Bubis pour les interner dans les cachots.
Et cet autre génocidaire « ntumu, » un certain Norberto Nsué-Micha ! le tout puissant Directeur Général de la Sûreté-Nationale et super-serial killer des Ocack et de ceux qui n’étaient pas apparentés à son langage ou à son accent parlé…, combien de gens, aujourd’hui enterrés dans les fosses communes, a-t-il envoyé à la mort ? Est-ce cela votre « supériorité des ntumu » sur les autres ethnies ?
Soyons sérieux !! Lorsque vous évoquez une prétendue « supériorité des ntumu » sur les autres ethnies de la Guinée-Équatoriale, vous avez, non seulement dédaigné plus de 70 % de la population équato-guinéenne (Annobonais, Bengas, Bubis, Bujebas, Créoles Ndowés, Ocack, pygmées…), mais aussi, rouverte une plaie indélébile.
Si je mène – sans une quelconque pression – un travail scientifique de recherches de la vérité et aussi, pour l’ouverture des archives de la Guinée-Équatoriale, cela tient à deux raisons essentielles :
Permettre aux familles qui ont perdu un être cher de faire leur deuil afin qu’elles puissent effacer le passé douloureux pour ensuite envisager le pardon,
Ouvrir les yeux de la communauté internationale afin qu’elle prenne conscience de la dramatique situation vécue par de nombreuses tribus en Guinée-Équatoriale. La démarche étant de susciter une prise de conscience afin que dans l’avenir, les grandes puissances et leurs institutions démocratiques ne puissent cautionner, ni de près ni de loin, l’avènement au pouvoir dans notre pays d’un nouveau mégalomane.
Ce qui est sûr et certain, c’est que demain en Guinée-Équatoriale, ni la communauté internationale, ni le peuple équato-guinéen, n’accepteront plus l’instauration d’un régime dirigé par un chef tribal entouré de thuriféraires se nourrissant d’un esprit de vengeance pour décimer d’autres tribus.
Melle Magda Ada !
Paris
Fuente: Magda - Paris