Demande : Des Camerounais espèrent un avion de leur pays
YAOUNDE - 7 DECEMBRE 2007
© Eugène Dipanda, Mutations
La chasse à l’homme qui se poursuit à Bata a suscité un appel de détresse.
Mme Paulette Mana ne décolère pas. Installée en Guinée Equatoriale depuis l’année 2000, cette femme d’à peine quarante ans est arrivée à Douala mardi, 04 décembre, pour un rendez-vous médical à l’hôpital Cebec de Bonabéri. ”Je devais retourner à Bata vendredi, 07 décembre, pour rejoindre mon mari et mes trois enfants. Mais, il m’a appelé ce matin (jeudi, 06 décembre, Ndlr) en me demandant de ne pas oser effectuer le déplacement. Plus tard, dans l’après-midi, l’un de ses amis m’a rappelée pour m’annoncer qu’il a été arrêté et enfermé en cellule avec mes enfants…”, se plaint-elle.
Depuis plus de 48 heures, la chasse aux étrangers, et principalement les Camerounais, se poursuit donc dans les principales villes de la Guinée Equatoriale. A l’origine de ces actes de xénophobie, le hold-up supposé de deux banques locales, la Ccei Bank et la Société générale de banque de Guinée Equatoriale, qu’on impute, à tort ou à raison, à des cambrioleurs de nationalité camerounaise.
”Il s’agit-là d’un faux prétexte. Je suis même certaine que ce braquage est un montage. Les Camerounais sont simplement indésirables en Guinée Equatoriale. Surtout depuis le mois d’octobre dernier, lorsque l’épouse d’un ministre de ce pays a été retrouvée morte dans la chambre de son amant camerounais…”, soutient Mme Paulette Mana. Laquelle atteste que son compatriote, qui travaillait à General Work, une société du secteur des Btp, aurait en effet pris la fuite lorsque, de retour de son labeur, il aurait retrouvé sa dulcinée inerte sur son lit.
”C’est à ce moment-là que les problèmes des Camerounais ont pris de l’ampleur en Guinée Equatoriale. Pour peu qu’on vous soupçonne d’être Camerounais, on vous cherche des problèmes. Pour ce qui me concerne, par exemple, ils ont récemment saccagé et pillé toute ma boutique. J’y ai perdu des marchandises d’une valeur d’environ 8 millions de francs Cfa”, dénonce Mme Paulette Mana.
Selon le témoignage de cette dernière, la psychose que vivent les Camerounais en Guinée Equatoriale a davantage été renforcée ces dernières semaines, avec l’inauguration le 12 octobre 2007 à Bata, de ”Policia Central”, une prison spéciale avec sous-sol, construite par la société Bouygues Bâtiment et exclusivement réservée aux ”délinquants” étrangers. ”C’est une vraie torture. C’est à peine s’ils acceptent même qu’on rende visite aux détenus là-bas. J’ai peur que tous ces Camerounais qu’on est en train d’interpeller y soient embastillés. Ils risquent tous de mourir…”, explique Mme Paulette Mana.
”Si le président de la République du Cameroun envoie un avion pour rapatrier tous les Camerounais qui souhaitent quitter la Guinée Equatoriale en urgence, je n’hésiterais pas un seul instant à embarquer avec toute ma famille. L’atmosphère n’est vraiment plus vivable ici. Je crains d’ailleurs qu’il y ait beaucoup de morts côté étrangers, si les choses traînent encore plus longtemps”, a par ailleurs prévenu M. Mana, plombier en service au secrétariat du fils du président Obiang Nguema Mbasogo.
Fuente: cameroon-info