Le CCFD-Terre Solidaire relaxé dans la plainte en diffamation déposée par le président de Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema
Biens mal acquis
Paris, le 30 septembre 2011
Le CCFD-Terre Solidaire relaxé dans la plainte en diffamation déposée par le président de Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema (1)
Lors de son audience du 30 septembre 2011, le tribunal a débouté le plaignant de son accusation en diffamation (2) et l´a condamné à verser à chacun des quatre prévenus (3) la somme de 2 500 euros sur le fondement de l´article 472 du Code de procédure pénale.
Le CCFD-Terre Solidaire accueille très positivement cette décision de la justice française qui renforce la liberté d´expression des associations engagées dans la lutte contre la corruption, et crée un précédent en réponse aux tentatives d´intimidation de la part d´un chef d´Etat.
Elle conforte la légitimité de la société civile, lorsqu´au terme d´un travail sérieux, elle prend ses responsabilités et interpelle les responsables politiques : « lorsqu´on dit qu´un corrompu est un corrompu, on ne fait que dire une vérité ! » indique Guy Aurenche, président du CCFD-Terre Solidaire.
C´est une vraie satisfaction pour le CCFD-Terre Solidaire qui, depuis 5 ans, et la sortie du premier rapport sur les « Biens mal acquis », dénonçait à la fois le pillage des ressources des pays du Sud par les clans au pouvoir et l´intérêt bien compris qu´en tirent les dirigeants et les entreprises des pays riches.
En effet, les transferts occultes dont il est à nouveau question dans l´actualité, ont un impact direct sur les conditions de vie des populations des pays du Sud. En lien avec les organisations locales qu´il soutient à travers le monde pour lutter contre la faim et promouvoir le développement, le CCFD-Terre Solidaire continuera de combattre les mécanismes internationaux qui appauvrissent les pays du Sud et de dénoncer les violations des droits humains.
Cette décision s´ajoute aux récents rebondissements de la plainte, déposée par Transparence internationale, à l´encontre de trois chefs d´Etats africains concernant des Biens mal acquis. Le 21 septembre dernier, la justice française a, en effet, opéré une perquisition dans l´hôtel particulier de la famille Obiang avenue Foch et saisi la semaine suivante 11 voitures de luxe à cette même adresse à Paris.
C´est dans ce contexte que la venue du président Obiang est annoncée au Sommet du G20 à Cannes les 3 et 4 novembre prochains. Le CCFD-Terre Solidaire attend des actes forts de la part du gouvernement français, qui préside ce Sommet, afin que cette visite ne s´apparente pas à une caution à ce régime.
Contact : Véronique de La Martinière : 01 44 82 80 64 - 06 07 77 05 80
(1) L´expression de « régime autoritaire » (...), pour aussi déplaisante qu´elle puisse paraitre au chef de l´Eta t de Guinée équatoriale, relève tout entière de l´opinion sur la nature d´un régime politique, opinion, qui doit pouvoir être librement discutée, combattue, étayée ou contredite dans le cadre d´un débat public de nature politique, où l´expression militante, (...) doit avoir toute sa place. » Extrait de la procédure d´audience.
(2) Catherine Gaudard, directrice du plaidoyer, Jean Merckaert et Antoine Dulin, auteurs du Rapport « Bien mal acquis, à qui profite le crime ? » et Guy Aurenche, président du CCFD-Terre Solidaire.
(3) Catherine Gaudard, directrice du plaidoyer, Jean Merckaert et Antoine Dulin, auteurs du Rapport « Bien mal acquis, à qui profite le crime ? » et Guy Aurenche, président du CCFD-Terre Solidaire.
Note sur les 7 passages incriminés dans le rapport (pp 90-93) :
- « Teodoro Obiang Nguema est à la tête de la Guinée équatoriale depuis 1979, où il a instauré un véritable régime autoritaire. »
- « (...) la fortune amassée par le clan Obiang en Guinée équatoriale est estimée entre 500 et 700 millions $, alors même qu´il [le président] est toujours au pouvoir. »
- « Cet enrichissement proviendrait du détournement de la rente pétrolière »
- « 80% du revenu national serait monopolisé pas l´oligarchie »
- « (...) T. Obiang bénéficiait au premier chef de la rente pétrolière.»
- « Le dictateur guinéen et dix membres de sa famille sont accusés d´avoir blanchi, entre 2000 et 2003, environ 26,5 millions de dollars en achat immobiliers, via un compte au Banco Santander de Madrid. »
- « (...) le dictateur équato-guinéen aurait aussi acquis un hôtel particulier avenue Foch ».
Fuente: CCFD-Terre Solidaire. Francia